Peintres de la Montée Saint-Michel 

Élisée Martel

Élisée Martel peignant à L’Arche, vers 1925 (archives CRALA).

« Doyen des peintres de la Montée Saint-Michel », tel se présentait Élisée Martel (1881-1963) qui était, en effet, le plus âgé du groupe – avec O.-A. Léger, faut-il préciser, mais qui mourut bien avant lui. On ne sait trop en quelle année Martel s’est inscrit au CAM, mais il termine sa formation sous Charles Gill (1871-1918) qui y a enseigné la peinture de 1913 à 1918. Commis chez le quincaillier Omer DeSerres, voisin du CAM, Martel est assigné au rayon de la peinture où l’on vend aussi divers produits pour les artistes peintres. Il fabrique également des boîtes à peinture, des chevalets, des écrans qu’il vend chez le même marchand ainsi qu’à une clientèle privée. Avec Ernest Aubin et Joseph Jutras, il partage l’atelier de L’Arche. 

Après la mort de son père en 1933, un petit héritage lui permet de s’installer à Saint-Léonard, non loin de la Montée, où il acquiert une ferme. Considéré comme le peintre animalier du groupe, il ne s’adonne vraiment à ce genre qu’à ce moment-là. Bénéficiant de quelques étangs et mares d’eau, il peut dessiner et peindre des canards autant que des grenouilles et des poissons, des chats, des chiens, des dindons, des poules et des coqs – lesquels ont sa préférence. Et c’est ce qui le fait remarquer à l’AAM où il expose pour la première fois en 1934. Avec quelques confrères de la Montée, il  expose aussi à la galerie du grand magasin Eaton, de même qu’à son domicile. De plus, il est un paysagiste varié, spécialisé dans les dégels printaniers, et il peint également des natures mortes aux arrière-plans japonisants. En 1949, il organise une exposition solo de 47 de ses œuvres à l’École des Arts et Métiers, rue Saint-Denis.

Élisée Martel, Jeune homme au bambou, 1911, fusain et graphite sur papier, 46 x 35,5 cm (coll. part.)  

Œuvres d’Élisée Martel

Lever du jour, ferme Robin

1928, huile sur bois, 12 x 18 cm (coll. Éric G. Sigouin).

Martel était un des compagnons de campement d’Ernest Aubin à la Montée Saint-Michel, et aussi lorsqu’ils voyageaient dans les Laurentides, dans le Bas-Saint-Laurent et dans la région du Richelieu. S’ils en profitaient pour peindre de nuit, ces séances se prolongeaient parfois jusqu’au lever du jour, comme c’est ici le cas.

Coq et gerbes de blé

huile sur toile, 51 x 61 cm (coll. Pierre D. Ménard).

Martel aimait tendrement les animaux de sa basse-cour. Tout au plus acceptait-il parfois de les vendre pour en tirer sa subsistance, préférant garder coqs, poules, poussins, oies, chèvres et chats pour lui servir de modèles, tout autant que les canards, poissons et grenouilles de son étang. Dans Coq et gerbes de blé, le peintre maintient le second plan dans les touffeurs voilées de l’été tandis qu’au premier plan il élève, à un degré intense de vibration, le coloris flamboyant de son coq, qui pose dans toute sa majesté.

Nature morte au canard

huile sur toile, 51 x 71 cm (coll. Suzanne et Hubert van Gijseghem).

C’est par la représentation des objets inanimés que les peintres de la Montée ont été initiés à la peinture au CAM, sous la direction de Jobson Paradis (1871-1926). En plus de posséder des animaux, Martel a la particularité de cultiver lui-même ses légumes et ses fleurs, ce qui lui fournit les éléments nécessaires à ses tableaux. Ses natures mortes se distinguent par des tables laquées aux reflets brillants et des fonds exotiques à motifs orientaux.

Cabane à sucre, Charlemagne, Qc

Huile sur toile, 27,3 x 31,8 cm (coll. Éric G. Sigouin).

L’érablière est un thème familier de la peinture québécoise. Martel se distingue ici de la plupart de ses prédécesseurs en représentant sa cabane à sucre non pas en pleine activité, au moment des premiers dégels du printemps, avec les ouvriers qui recueillent l’eau d’érable et les visiteurs qui s’en régalent, mais solitaire dans les bois, au tout début de l’automne, par une après-midi ensoleillée, muette, désœuvrée, abandonnée peut-être. Il donne des reflets déteints au vieux bois de la bâtisse, qui laissent à penser que la cabane fut peut-être peinte de couleurs vives.

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