Peintres de la Montée Saint-Michel 

Joseph Jutras

Joseph Jutras en 1921 (archives privées)

À l’âge de quatorze ans, Joseph Jutras (1894-1972) prend des leçons de dessin d’Émile Vézina. C’est alors que, émerveillé, il découvre cet atelier d’artiste qui prendra plus tard le nom de L’Arche. Au CAM, où il s’inscrit en 1911, il a pour professeur Edmond Dyonnet, qui enseignera à tous les peintres du groupe de la Montée Saint-Michel. Il fait également un peu de sculpture avec Elzéar Soucy. La découverte de la Montée l’enchante et demeure inséparable de l’amitié qu’il voue à Ernest Aubin. Par ailleurs, il sera très lié avec Narcisse Poirier avec qui il peindra souvent en atelier et en plein air. En 1918, il crée une parfumerie haut de gamme, domaine peu exploité au Québec. Jutras fait dessiner ses étiquettes par Ernest Aubin et par Edmond-Joseph Massicotte, qui exécutent aussi pour lui quelques affiches.

Faites-moi rêver, Boule de neige, Parfait bonheur, Ricardo (pour homme) sont alors des parfums en vogue. La crise économique de 1929 emportera ce florissant commerce dans son gouffre.

En 1922, 1923, 1926 et 1936, Jutras expose à l’AAM, puis à la galerie du magasin Eaton et dans divers lieux publics. Dans le cours des années 1940, il préfère tenir des expositions personnelles à son domicile. Il pratique le pastel, le crayon de couleur, et exécute des pochades où il saisit dans sa fraîcheur la poésie changeante des paysages.

Joseph Jutras avec, dans sa voiture, Narcisse Poirier (photo prise par Madame Jutras, archives privées).

Œuvres de Joseph Jutras

Lueurs au crépuscule

Huile sur aggloméré, 12,5 x 15 cm (coll. part.)

Dans cette étude atmosphérique, Jutras a superposé différentes phases du déclin du jour. Ainsi se succèdent, par étagement, les ombres de la terre, les lignes plus claires puis plus denses de l’horizon, la coloration des nuages et l’ultime épanchement de la lumière qui bientôt va disparaître. Le travail de la pochade, exécuté rapidement dans le but de noter un effet particulier à un moment précis, correspond bien au tempérament enthousiaste et spontané de Jutras. Voilà pourquoi, dans certaines de ses esquisses, le sujet semble disparaître au profit d’un résultat qui laisse place à la pure jouissance esthétique de la couleur.

Berthier, Québec

Crayon de couleur sur papier, 17,8 x 25,4 cm (coll. part.)

Jutras affectionnait le crayon de couleur, qu’il utilisait en général sur un papier teinté. Ce dessin représente la chapelle presbytérienne de la famille Cuthbert, à Berthier-en-Haut, qui date de 1786. Jutras l’a croquée de la route qu’il empruntait avec sa voiture, au moment où le bâtiment abandonné était entouré de végétation, sa restauration n’ayant débuté qu’en 1928.

Coucher de soleil et église Saint-Marc

1934, pastel et fusain sur papier, 23 x 30 cm (coll. part.)

En 1934, Jutras s’installe avec sa famille au 2633, rue Masson. D’après l’indication portée sur le dessin, l’église Saint-Marc, située un peu plus au nord, rue Beaubien, est vue de dos depuis l’angle du boulevard Rosemont et de la rue d’Iberville, non loin du nouveau lieu de résidence de l’artiste.

Maison abandonnée

Huile sur aggloméré, 30 x 48 cm (coll. Richard Jutras).

Jutras a peint de nombreuses vieilles maisons d’autrefois, thème qu’il partageait avec son confrère Jean-Paul Pépin : « N’est-ce pas agréable par une belle journée ensoleillée de parcourir les routes à la recherche de paysages ? Une langueur de rêve s’empare de vous et vous regardez à droite et à gauche, scrutant l’horizon, les prés et surtout ces belles maisons de pierre qui ressemblent aux vieilles de chez nous, car elles aussi ont un cœur », écrivait l’artiste (Joseph Jutras, « Un peintre sur la route », Le Foyer rural, août 1948, p. 6). 

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