Peintres de la Montée Saint-Michel 

Onésime-Aimé Léger

O.-A. Léger photographié par Lactance Giroux, vers 1910 (coll. part.)

En 1899, Onésime-Aimé Léger (1881-1924) est, avec Narcisse Poirier, le premier des futurs membres du groupe de la Montée Saint-Michel à s’inscrire au CAM. Il étudie sous la direction exclusive de Joseph Saint-Charles (1868-1956) avec qui il se lie d’amitié et avec qui il collaborera pour certaines œuvres décoratives. C’est au CAM aussi qu’il noue son indéfectible amitié avec J.-O. Legault. Fort de nombreux prix, tant en dessin qu’en peinture et en sculpture, en 1904-05 il fait une année d’études à Bruxelles, un des hauts lieux du symbolisme européen.

En 1910, il débute une carrière d’illustrateur pour les grands quotidiens montréalais, dont la page couleur hebdomadaire de La Patrie et de La Presse, pour lesquels il fait de nombreuses autres illustrations, ainsi que pour des revues comme L’Oiseau bleu et pour divers éditeurs de livres scolaires. De 1908 à 1920, il expose à l’AAM et à l’ARAC des huiles, des aquarelles, des pastels et des sculptures. Très favorablement accueillie, son œuvre, soutenue par le critique Albert Laberge (1871-1960), se démarque par son caractère symboliste et exprime le côté sombre de la condition humaine : solitude, vieillesse, pauvreté, guerres, amours brisées, injustices sociales. Il pratique peu le paysage, si ce n’est en compagnie de Legault à la Montée Saint-Michel et de Marc-Aurèle Fortin (1888-1970) qui lui fait connaître son fief de Sainte-Rose.

O.-A. Léger, illustration (12 x 11,5 cm) pour Jules Fournier, Souvenirs de prison (1910), où le journaliste narrait, entre autre, l’infestation de sa cellule par les cafards. Léger a illustré ce pamphlet avec Émile Vézina, ami et admirateur de l’illustre journaliste.

Œuvres d’Onésime-Aimé Léger

Un Souffle

1910, huile sur toile, 61,8 x 54 cm (coll. Musée des beaux-arts de Montréal, don du Club Saint-Denis de Montréal, photo MBAM, Christine Guest).

En s’inspirant de la Semeuse du dictionnaire Larousse, Léger compose un tableau à symbolique végétale, avec, à l’arrière-plan, d’un côté, un pin parasol et, de l’autre, deux peupliers de Lombardie, auxquels s’ajoutent l’encadrement du feuillage de marronnier et le pissenlit duveteux qu’évente la jeune fille. Dans l’œuvre de Léger, c’est surtout à la femme qu’il revient d’incarner l’intensité des sentiments qui agitent l’artiste et la complexité des idées qu’il veut exprimer.

La Vie est parsemée de ronces et d’épines

1919, encre et aquarelle sur papier, 26,5 x 10,5 cm (coll. Marguerite Chagnon).

Albert Laberge, critique d’art au journal La Presse, à qui appartint cette œuvre, la décrit ainsi : « Une femme aux longs cheveux roux qui pendent sur son épaule et son bras, la tête profondément penchée, comme écrasée par le poids du malheur, l’air égaré, recouverte seulement d’un lambeau de vêtement et déchirée par les ronces au milieu desquelles elle marche, voilà l’allégorie La Vie est parsemée de ronces et d’épines. Les mains, les jambes, les pieds de la malheureuse sont déchiquetés par les dards des buissons dans lesquels son sort hostile l’a jetée » (Albert Laberge, Peintres et écrivains d’hier et d’aujourd’hui, 1938, p. 95).

Ximénes

1922, aquarelle sur papier, 25,3 x 35,5 cm (photo Musée régional de Vaudreuil-Soulanges).

Cette œuvre est à mettre au compte de la conscience sociale de Léger et aussi de son esprit critique face à la religion. Dans ce cas-ci, l’artiste s’en prend à l’Inquisition. Dans une mise en scène spectaculaire, Francisco Jiménez de Cisneros (1437-1517), cardinal-archevêque de Tolède et inquisiteur général, est entouré de la foule de ses victimes qui le montrent du doigt, brandissent le poing vers lui. Sur la droite, la Justice, représentée par une femme nue jusqu’à mi-corps, a brisé ses chaînes et pointe elle aussi l’inquisiteur. Assailli de toutes parts, l’accusé repousse du geste le bourreau, son acolyte. Sous un ciel de Jugement dernier, de noirs vautours attendent leur nouvelle victime et l’un d’eux déjà s’apprête à l’attaquer. L’arrière-plan de la composition est occupé par une foule grouillante et

Trompe-la-Mort

1913, encre et graphite sur carton, 25,5 x 20,3 cm (coll. Éric G. Sigouin).

Cette illustration ne fut pas utilisée pour ce feuilleton inédit de Jules Mary qui débuta le 26 avril 1913 dans La Presse. Léger a plutôt exécuté une autre illustration, qui est une variante de celle-ci, plus sombre et ne comportant pas de lettrage. L’artiste illustra d’autres feuilletons de ce même journal, dont L’Émeraude fatale.

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