Émile Vézina
C’est à Vézina que revient l’honneur de nous avoir donné l’Arche, ce coin pittoresque qui, par la suite, fit les délices des artistes qui l’habitèrent.
– Joseph Jutras, Émile Vézina, biographie inédite, p. 26.
Première époque de L’Arche : au grenier d’Émile Vézina
Émile Vézina en 1907 (archives privées).
Car enfin… cet immeuble de la rue Notre-Dame possède un grenier qui en constitue le quatrième et dernier étage. Qui veut d’un grenier ? C’est là pourtant qu’en 1904 un jeune homme de vingt-huit ans installe ses pénates. Natif de Cap Saint-Ignace, Émile Vézina (1876-1942), peintre et poète, inaugure la première époque de L’Arche lorsqu’il transforme en atelier ce grenier désaffecté – qui alors ne portait pas de nom. Pour s’assurer un éclairage approprié, il fait percer dans le toit un puits de lumière. Le vaste espace occupe tout l’étage et lui sert aussi de domicile.
À l’époque, Vézina commençait à jouir d’une bonne réputation, grâce aux portraits d’hommes politiques comme le maire de Montréal Fernand Préfontaine ou le député Henri Bourassa qui le font remarquer, et aussi grâce aux illustrations des divers périodiques où il travaille. L’année précédant son installation rue Notre-Dame, il avait participé, avec Massicotte et Morissette, à la première exposition des artistes de journaux qui s’était tenue à l’Art Association (Musée des beaux-arts de Montréal) au Square Phillips.
Vézina collaborera beaucoup avec Massicotte pour les illustrations de la revue satirique La Bombe. À partir de 1908, sous le pseudonyme de Vir, il sera le caricaturiste très réputé du Nationaliste d’Olivar Asselin.
En 1907, il fait un premier voyage en Europe (France, Suisse, Angleterre) où il retourne en 1911-1912 (Grèce, Italie, Tunisie, Égypte). Outre les visites des grands musées, il fait des pèlerinages littéraires sur les traces de Flaubert, Lamartine et Shakespeare. Sous le pseudonyme de Jules Gagnon et sous son vrai nom, il est critique d’art et de littérature au Nationaliste et au Devoir. La littérature le disputant à la peinture, Émile Vézina écrit de nombreux poèmes de facture classique, teintés d’exotisme, et en 1931 il remporte le prix du concours de poésie institué par le gouverneur général Lord Willingdon.
D’une imprévoyance chronique, Émile Vézina perd sa fortune et finit sur l’assistance publique au refuge Notre-Dame-de-la-Merci, lequel – ironie du sort – avait été dirigé par son ancien bienfaiteur, Olivar Asselin…
Œuvres d’Émile Vézina
Émile Vézina, « Paris, le pont de l’Archevêché », 1911, crayon de couleur et pastel sur papier, dimensions inconnues (coll. part.)
Émile Vézina, « Futurisme », caricature extraite de son album « L’Éclat de rire », 1912 (coll. part.)
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