Peintres de la Montée Saint-Michel 

Ernest Aubin

Ernest Aubin en 1917 (archives CRALA).

Né d’un père photographe et sculpteur, Ernest Aubin (1892-1963) entame sa formation au Conseil des arts et manufactures (CAM) en 1907, à l’âge de quinze ans. Il fera une année et demie d’étude à l’école de l’AAM, tout en poursuivant sa formation au CAM. À partir de 1908, il remporte ses premiers prix de dessin, auxquels s’ajouteront, au fil des années, ceux de peinture, de lithographie et de modelage. Il consacrera toute sa vie à son art et vivra de travaux publicitaires, de photographie, de sculpture et de portraits.

C’est au CAM qu’il lie amitié avec les premiers adeptes qui le suivront bientôt à la Montée Saint-Michel où il peindra à toute heure du jour et de la nuit. Le 25 octobre 1911, le groupe dont il est le chef de file prend officiellement forme et adopte le nom sous lequel on le connaît. 

À partir de 1915 et jusqu’à 1936, Aubin expose au Salon du printemps de l’AAM, à la galerie du magasin Eaton et lors de diverses manifestations en province. Bien accueilli par la critique, il préfère néanmoins rester dans l’ombre, semblable en cela à d’autres de ses confrères de la Montée qui poursuivent leurs vies d’artistes comme ils l’entendent. 

Ernest Aubin à la Montée Saint-Michel, en 1930 (archives privées).

Avide cependant de se perfectionner, il prolonge sa formation jusqu’en 1927 à l’École des beaux-arts de Montréal. Il illustrera quelques manuels scolaires avec Onésime-Aimé Léger et Albert Ferland. Après un premier atelier, rue Saint-Jean-Baptiste, dans un immeuble qui jouxte celui de L’Arche, rue Notre-Dame, il loue celle-ci de 1922 à 1929, qu’il partage principalement avec ses confrères Martel, Jutras et Proulx. Dans les années 1930, il reviendra faire du modèle vivant à l’école de l’AAM avec ses amis Legault, Proulx, Poirier et Pépin, et dans ces mêmes années il fait un stage à La Presse, au service des pages de mode en couleurs. Il se marie en 1940 et s’en va vivre à Sainte-Adèle où il se construit une maison. Dans l’incendie de celle-ci, en 1963, il perd une grande partie de son œuvre.

Œuvres d’Ernest Aubin

Lueurs au crépuscule

Huile sur bois, 10,6 x 21 cm (coll. part.)

Séduit par les grands horizons dégagés que lui offraient la Montée Saint-Michel et par le spectacle des crépuscules, Aubin ne s’est jamais lassé de représenter ce moment du jour et il a initié tous ses confrères à cette sorte d’« école du soir ». Ici, le peintre s’est placé sur une hauteur d’où il a capté les derniers rougeoiements du ciel et les premières lueurs de la ville.

Modèle à la perche et au tabouret

1928, fusain sur papier, 63 x 48,3 cm (coll. Mario et Richard Contant).

Pour Aubin comme pour Legault, le nu, masculin ou féminin, drapé ou intégral, fut d’une grande importance et ils le pratiquèrent pendant plusieurs décennies et parfois côte à côte avec le même modèle. Le nu allait de pair avec leur passion du portrait.

Mosaïque de nus féminins

1937, fusain, rehauts de gouache et de craie blanche, 61,8 x 49,2 cm, Musée des beaux-arts de Montréal, don de Roxanne et Monique Dehaut, photo MBAM, Christine Guest

Au milieu des années 1930, Edmond Dyonnet (1859-1954), ancien professeur au CAM, ouvrit une classe de modèles nus à l’AAM, sous l’égide de l’Académie royale des arts du Canada. Plusieurs des peintres de la Montée la fréquentèrent, dont Aubin, Legault, Poirier et Proulx.

La Croix du chemin

1920, huile sur toile, 51 x 41 cm (coll. Éric G. Sigouin).

Aubin aimait peindre des scènes de nuit et pour ce, il campait sur les lieux de son choix. L’aspect vaporeux des ciels nocturnes, les effets de clair de lune, la voûte étoilée le fascinaient. Cette composition, avec le bâtiment de la ferme Laurin, la croix de bois et le grand orme, constitue l’emblème des peintres de la Montée Saint-Michel. Située à l’angle du boulevard Crémazie et de la rue Saint-Hubert, cette croix marquait la porte d’entrée des peintres sur le Domaine Saint-Sulpice, leur fief. D’autres peintres de la Montée, Jutras, Legault, Pépin, Poirier et Proulx, ont représenté cette scène.

Aubin, « Lueurs au crépuscule »

Ernest Aubin, « Modèle à la perche et au tabouret »

Ernest Aubin, « Mosaïque de nus féminins»

Ernest Aubin, « La Croix de chemin »

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