Peintres de la Montée Saint-Michel 

Jean-Paul Pépin

Jean-Paul Pépin, chez lui, à Sainte-Dorothée, avec le cinéaste Pierre Perrault, vers 1965  (photo Jean-Louis Frund).

Si Élisée Martel est le doyen du groupe de la Montée Saint-Michel, Jean-Paul Pépin (1897-1983) en est le benjamin, et à double titre : il est le plus jeune du groupe et le dernier à s’y être joint. Son père, libraire, rue Sainte-Catherine Est, à Montréal, s’oppose à ses études d’art et le retient longtemps à son service. Jean-Paul réussit néanmoins à suivre les cours du soir du CAM en lithographie. Son oncle, Jean-Baptiste Lagacé (1868-1946), artiste et professeur d’histoire de l’art à l’Université, lui enseigne les rudiments de la peinture.

Il ne commence à fréquenter assidûment la Montée Saint-Michel qu’à partir de 1922 en compagnie d’Ernest Aubin et de J.-O. Proulx qu’il retrouve à L’Arche avec Jutras. À partir du début des années 1930, ses expositions se multiplient dans les galeries montréalaises. Vers 1940, il fait connaître l’existence du groupe au sulpicien Olivier Maurault (1886-1968) qui s’y intéresse et sur lequel il donne, en 1941, une conférence à la Société historique de Montréal. De plus, il organise, avec le sulpicien et collectionneur Émile Filion (1893-1974), une exposition rétrospective, la première du groupe, présentée à la galerie Morency Frères. Outre l’huile, Pépin pratique le lavis couleur avec prédilection ainsi que le dessin à l’encre de Chine qu’il réserve pour ses longues randonnées dans le Vieux-Montréal ou pour ses voyages d’été à l’île d’Orléans et en Gaspésie.

Jean-Paul Pépin vers 1935, à Montréal (archives privées).

Œuvres de Jean-Paul Pépin 

Carrière Varin, Montée Saint-Michel

1927, huile sur bois, 14,4 x 20,3 cm (coll. Éric G. Sigouin).

Joseph Varin était propriétaire d’une carrière tout au bout de la rue Saint-Denis, au-delà de la rue Villeray, sur le territoire élargi de la Montée. Une inscription au dos de cette étude nous apprend qu’elle a été peinte en compagnie d’Ernest Aubin. C’était une habitude de certains peintres du groupe d’inscrire au dos de leurs pochades l’ami en compagnie duquel ils les avaient peintes. Ainsi, parfois, pouvons-nous suivre sur plusieurs jours l’itinéraire de tel peintre en compagnie de tel autre.

Chemin de la Manufacture, Sainte-Dorothée

1944, huile sur bois, 10 x 15 cm (coll. part.)

En 1936, Jean-Paul Pépin quitte Montréal avec sa nombreuse famille et va habiter sur l’île de Laval, d’abord à Saint-Elzéar puis à l’Abord-à-Plouffe. En 1940, il s’installe à Sainte-Dorothée. Enfin, au début des années 1960, il prend possession, rue Principale, d’une vieille maison québécoise, dans le genre de celles qu’il aimait à peindre et dont il voulait freiner la disparition.

Tante Élodie

1947, huile sur toile, 87 x 66,5 cm (coll. Jean-René Charbonneau).

Il s’agit d’une institutrice à la retraite, voisine de Jean-Paul Pépin à Sainte-Dorothée, qui, chaque fois qu’il la voyait passer devant chez lui, l’arrêtait et lui demandait de venir poser : « Ma Tante Élodie, qui n’est autre que Madame Élodie Pesant-Nadon, de Sainte-Dorothée, a posé exactement 267 heures, avant que le peintre Jean-Paul Pépin donne le dernier coup de spatule à cette toile » (Anonyme, « Tante Élodie », La Patrie, 4 novembre 1947, p. 11).

320 à 314, rue du Champ-de-Mars

1964, encre sur papier, 13 x 18 cm (coll. part.)

Dans les années 1950 et 1960, Pépin ne cesse d’arpenter le Vieux-Montréal que le pic des démolisseurs attaque de toutes parts. Carnet en main, il croque nombre de maisons, de rues et de coins de rues qui, une heure après, ne sont plus qu’un amas de ruines, car la métropole se modernise, souvent au détriment de son passé. L’artiste alerte les autorités municipales et fait campagne dans les journaux, à la radio et même à la télévision. Il date et accompagne chacun de ses croquis de commentaires historiques ou personnels. Cet ensemble constitue un véritable document sur le Montréal disparu. Sur ce seul sujet, sa production est estimée à près de 1 000 pièces.

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